Théodore Botrel


J’ai dit un jour à l’abeille
Repose-toi donc un peu
T’efforçant d’être pareille
A ce gai papillon bleu
Sur la rose ou la pensée,
Vois, il pâme en rêvassant
Oui…mais, moi je suis pressée,
M’a dit l’abeille en passant.

Lui montrant la libellule,
Je lui dis, un autre jour
Viens, de l’aube au crépuscule,
Danser comme elle, à ton tour
Ne l’admires-tu, subtile,
Valsant là-bas, sur l’étang ?
Si…mais, moi je suis utile
M’a dit l’abeille en partant.

Hier, enfin, devant la porte
De son petit temple d’or
Je l’aperçus, demi-morte,
Lourde de son pollen encore
Repose-toi, pauvre bête
Lui dis-je en la secouant
Oui…puisque ma tâche est faite,
M’a dit l’abeille, en mourant.

1968-1925

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